Aujourd’hui est mon dernier jour.
Pas le dernier de ma vie — non — mais le dernier de celle d’avant.
Cette nuit, tel un serpent qui sait exactement quand se délester de son passé, je vais changer de peau.
Pas
pour une autre plus lisse, plus sage ou plus discrète…
Pour une carapace aux couleurs psychédéliques, vibrante, assumée, impossible à rater même dans le noir.
Et comme une chenille têtue qui refuse de croire que le sol est sa seule destinée, je vais abandonner ce qui me restait de vieille peau, m’enrouler dans ma chrysalide intérieure et, au petit matin, me réveiller papillon.
Papillon de combat, s’il en existe.
J’ai retrouvé mes yeux bleus.
Le voile noir qui s’y était posé — épais comme une nuit sans lune — a explosé sous la pression d’un torrent de larmes.
Pas quelques gouttes élégantes : un déluge, une marée qui nettoie tout ce qu’elle touche.
Éblouie par cette lumière nouvelle, traversée par une vérité presque sauvage, j’ai enfin compris qui je suis.
Elle était là depuis longtemps, en attente, patiente comme un animal qui observe.
Alors oui : aujourd’hui est mon dernier jour.
Et demain, demain sera mon premier.
Frédérique Japhet